Vous me permettrez d’être sidéré par le numérisme qui est le vôtre : un élève qui copie le travail d’un autre par le biais des réseaux sociaux, qui lit un résumé plutôt que de lire une œuvre, qui recopie un corrigé plutôt que de réfléchir par lui-même, ce serait donc du « travail d’élève également » ? Ce n’est pas le « regard qui change » sur la manière de travailler (où l’on voit que l’outil est censé transformer les objectifs mêmes de l’école), c’est un véritable renoncement à travailler dont il y a toutes les raisons de s’inquiéter. Le copier-coller ne développe pas « l’esprit critique », bien au contraire. Et il ne s’agit malheureusement pas « d’a priori »…
Bien sûr que ce qui est moderne peut être intelligent et efficace : encore faut-il ne pas céder à la sidération numérique. L’utilisation de Twitter en primaire, par exemple, ne me semble devoir obéir à aucune nécessité pédagogique. D’abord parce qu’il s’agit d’un réseau commercial utilisé en majorité par des adolescents et des adultes et que le faire découvrir à des élèves si jeunes n’est pas la meilleure façon de mettre à distance du marketing numérique : Internet offre de nombreuses autres façons de communiquer, à la fois libres, modérées et adaptées à des enfants. D’autre part parce que l’usage que vous en faites en classe est factice et ne correspond en rien à la réalité des usages de Twitter, où les comptes sont individuels, anonymes et ne respectent aucune charte : ce réseau se caractérise en réalité par une absence de modération (les #tendances homophobes ou racistes en témoignent), qui devrait interdire de l’utiliser avec des enfants : Facebook, un réseau social pourtant plus modéré, est en principe interdit avant treize ans. Twitter, hébergé aux Etats-Unis, n’est même pas tenu de respecter les lois françaises ! Ajoutons évidemment la médiocrité de la communication que permet Twitter : pour toutes ces raisons, difficile de voir dans ce réseau un bon « outil » pédagogique.
Plutôt que de « rendre acteurs » les élèves de manière artificielle, nous ferions mieux de les préparer par une solide éducation (maîtrise de la langue, rigueur logique, repères culturels) leur permettant d’apprécier de façon autonome tout ce que l’on trouve sur le web.